Dans le design logiciel, tout n’est pas toujours ce qu’il semble être. Pour améliorer l’expérience, rassurer l’utilisateur ou cacher des limites techniques, les développeurs et designers utilisent parfois des « mensonges » by design (par la forme / le dessin) : des choix d’interface qui ne disent pas toute la vérité.
« Si c’est pour le confort de l’utilisateur… alors c’est permis ? »

🧠 “Mensonges by design” : ces petites tromperies des interfaces qu’on accepte sans le savoir
En voici un tour d’horizon en 10 points et le 10eme nous concerne tous !
🔋 1. Pourcentage de batterie trompeur
Les systèmes comme Android et iOS affichent un pourcentage de batterie qui ne reflète pas toujours la réalité. L’indicateur reste parfois figé à 100 % bien après que la batterie ait commencé à se décharger. Pourquoi ?
👉 Parce que ce chiffre est basé sur un modèle théorique, et non une mesure directe : cela permet d’éviter les fluctuations stressantes… mais peut mener à des chutes soudaines de 20 à 30 %.
⏳ 2. Barre de progression figée à 100 %
C’est un classique : la barre atteint 100 %… et reste bloquée pendant encore de longues secondes.
👉 En réalité, les dernières opérations sont imprévisibles (nettoyage, vérification, démarrage des services), donc la barre est figée pour ne pas perturber l’utilisateur avec des mouvements incohérents. C’est une illusion visuelle : la tâche n’est pas terminée, mais on vous laisse le croire.
🎯 3. Touches visibles vs zones actives (hitboxes)
Sur un clavier ou une application mobile, ce que vous voyez n’est pas toujours ce que vous touchez.
👉 Les zones de contact (hitboxes) sont souvent plus grandes que les touches visibles, pour éviter les erreurs de frappe — en particulier sur écran tactile.
Un choix pratique, mais qui crée un décalage entre perception et réalité.
📱 4. Indicateur de charge qui saute
Sur un ordinateur portable, dès qu’on branche l’alimentation, la batterie passe parfois brusquement de 8 à 19 %.
👉 Ce n’est pas une recharge miraculeuse, mais une recalibration logicielle qui anticipe la suite. L’utilisateur a l’impression que la batterie « reprend vie », alors qu’il s’agit d’un artefact logiciel.
🛍️ 5. Notifications “demo mode”
Sur certains téléphones en magasin, les icônes montrent une batterie pleine, une 4G parfaite, une heure fixe, etc.
👉 Ce mode démo est conçu pour séduire. Il fige l’affichage, masque les défauts, et donne l’illusion d’un appareil fluide, connecté et neuf… même sans carte SIM.
🌐 6. Dark patterns : l’art de la dissimulation
Les “dark patterns” sont des interfaces volontairement trompeuses, conçues pour manipuler l’utilisateur :
- Roach motel : facile de s’inscrire, difficile de partir (ex. Amazon Prime).
- Confirmshaming : “Non merci, je préfère rater cette opportunité”.
- Misdirection : le bouton principal pousse vers l’option la moins avantageuse.
- Ajouts furtifs : des options (assurances, accessoires) ajoutées automatiquement au panier.
- Urgence factice : “Plus qu’un exemplaire disponible !”, même si c’est faux.
- Pré-cochages dissimulés : options marketing ou partage de données activées par défaut.
🤖 7. Faux temps de chargement
Certaines apps simulent un chargement pour donner l’illusion de complexité ou de sérieux, alors que le contenu est prêt instantanément.
👉 Les designers le savent : une réponse trop rapide paraît… louche.
😳 8. Notifications émotionnelles
- Duolingo : “Tu nous as déçu”, “Tes amis progressent sans toi…”
- Facebook est allé encore plus loin avec une notification signée “Mark Zuckerberg” : « Mark Zuckerberg aimerait avoir de tes nouvelles »
👉 Le nom du fondateur donne l’impression d’un lien personnel, comme si le créateur du réseau nous écrivait en personne. Une manipulation affective très calculée.
🧾 9. Abonnements et engagement cachés
- Essais gratuits piégés : démarrés sans rappel, arrêt difficiles.
- Coûts cachés : ajoutés à la fin du processus (frais, services optionnels).
- Conditions générales pré-cochées : un clic, et vous voilà lié pour un an…
⚠️ 10. Le plus grand mensonge numérique : “J’ai lu et j’accepte les conditions”
Le plus massif et le plus silencieux des “mensonges by design”, c’est celui-ci :
“I have read and agree to the terms and conditions”
On ne les lit pas par manque d’intérêt et de temps. Souvent techniques, on ne les comprend pas toujours. Et pourtant, on signe.
Ces CGU, souvent longues de dizaines de pages, nous engagent :
- à renoncer à certains droits,
- à autoriser la revente de nos données,
- à accepter des restrictions d’usage.
👉 Ecrire petit, sur une 15n de pages avec des termes abstraits et techniques est un système pensé pour éloigner le consentement éclairé, tout en respectant la forme juridique (ou le contraire, ça dépend).
La longueur et la complexité que l’on pourrait aisément interpréter comme nécessaires pour être des CGS valides, précises, sérieuses, seraient souvent un moyen de nous éloigner de l’envie de les comprendre et de les lires. C’est pourquoi, c’est dans ce TOP 10 !
💡 Que faire contre ce dernier Mensonge ?
Pour reprendre un peu de pouvoir, on peut consulter le site :
🔗 ToS;DR – “Terms of Service; Didn’t Read”
Ce projet communautaire analyse et note les CGU des grands services numériques.
Il débusque les abus, résume les dangers, et classe les plateformes de A (respectueuses) à E (toxiques). En un coup d’œil, vous pouvez savoir ce que vous signez.
Une autre astuce est de donner l’adresse de la page (l’URL) du fournisseur où sont publiées les Conditions Générales d’Utilisation du Service (CGU/CGS) à un assistant AI (Gemini, chat GPT, etc. ), et de lui poser des questions sur la légitimité des clauses et l’utilisation de vos données.
🙋 Et vous ?
Quels autres petits mensonges avez-vous repérés dans vos applications ou appareils ?
Avez-vous déjà eu cette sensation de vous être fait avoir, sans même comprendre comment ?
Parlons-en. Et surtout, ne cliquez plus “J’accepte” les yeux fermés sur un site ou une application.
Et si c’est par manque de temps que vous devez cliquer, prenez le temps de faire votre recherche plus tard et de faire le tri dans vos comptes et logiciels (hygiène numérique : il faut prendre le temps d’éliminer les saletés qu’on accumule d’un point de vue numérique).