Ton téléphone. Cet objet magique, cette fenêtre sur l’univers, cette manette de jeu ultime… et si tu écoutes certains adultes, une machine infernale conçue pour te transformer en zombie mangeur de chips. 😱
D’un côté, on te dit que c’est l’outil le plus cool de la galaxie. De l’autre, que c’est le début de la fin du monde. Alors, qui croire ? Comment on fait pour ne pas se faire embobiner, ni par les super-optimistes, ni par les super-pessimistes ?
Pas de panique ! Ce texte, c’est un peu ton guide pour devenir un(e) pro de la jungle numérique. Oublie les leçons de morale ennuyeuses. Ici, on va te donner les clés pour comprendre le grand jeu des écrans, déjouer les pièges et, surtout, pour que ce soit TOI qui restes aux commandes.
Au programme de ta quête :
Pour t’équiper, on va suivre un plan en trois grandes étapes. Accroche-toi, c’est parti !
- Partie 1 : On décode le « Mode Panique » des adultes. 🚨
On commencera par une mission d’infiltration : comprendre pourquoi une petite inquiétude se transforme parfois en alarme générale.
On utilisera un exemple célèbre (l’affaire « Momo », tu ne vas pas en revenir) pour voir comment une rumeur peut faire le tour du monde et pourquoi il faut apprendre à garder la tête froide. - Partie 2 : On passe au niveau supérieur de l’analyse. 🧐
Ici, on va distinguer les vrais experts des simples commentateurs. On verra aussi pourquoi la science n’a pas encore trouvé tous les cheat codes face au numérique.
Et surtout, on listera les vrais « mini-boss » à affronter : le cyberharcèlement, les bulles de filtres, et ce truc bizarre qu’on fait tous : le « phubbing ». - Partie 3 : On te donne les astuces pour rester maître du jeu. 🏆
C’est le moment de récupérer les potions et le stuff légendaire ! On parlera d’un super-pouvoir essentiel, l’hygiène mentale et numérique.
On verra que le but ultime n’est pas de finir internet (impossible !), mais de trouver ce qui compte VRAIMENT pour toi. La mission finale : devenir un pilote éclairé de ta propre vie numérique.
Prêt(e) à lancer la partie ? C’est par ici ! 👇
La Panique Morale, explications
As-tu déjà remarqué que les adultes s’inquiètent souvent des nouvelles choses que les jeunes adorent ? Que ce soit le rock’n’roll, la télévision, les jeux vidéo ou aujourd’hui les téléphones et les réseaux sociaux, chaque nouveauté arrive avec son lot de questions et de peurs.
Alors, comment faire la part des choses ?
Parfois, cette inquiétude est utile, mais d’autres fois, elle peut devenir une sorte de « grande panique » collective. Essayons de comprendre comment cela fonctionne, pour apprendre à y voir plus clair.
Une vraie inquiétude et un effet « boule de neige »
Une panique collective ne naît jamais de rien. Elle part presque toujours d’une vraie et légitime inquiétude. Pour les écrans, par exemple, il est normal de se soucier du sommeil, du harcèlement en ligne ou des difficultés de concentration en classe. Ces problèmes existent.
Le phénomène de « panique » commence quand cette inquiétude de départ est amplifiée et déformée, comme une boule de neige qui dévale une pente et devient une avalanche. Les médias, les réseaux sociaux et les conversations entre adultes peuvent transformer une série de problèmes réels mais complexes en une seule grande histoire terrifiante, où il semble y avoir un danger immense et immédiat.
OU quand une petite peur devient une grande alarme
Je suis sur que tu as compris mais je te propose une autre comparaison.
Imagine qu’il y ait une petite bouffée de fumée dans une cuisine. Une réaction normale serait d’ouvrir la fenêtre. Mais imagine que quelqu’un appuie sur la grande alarme incendie de tout l’immeuble, faisant venir les pompiers pour rien. C’est un peu ça, une « panique morale ». C’est quand une inquiétude sur un sujet nouveau (comme les écrans) devient si forte que les adultes, et surtout les politiques, prennent des décisions très importantes, comme s’il y avait un immense danger.
Un exemple venu d’ailleurs : le « Momo Challenge »
Pour y voir plus clair, prenons un exemple qui a fait le tour du monde il y a quelques années : le « Momo Challenge ».
- L’histoire qui faisait peur : La rumeur disait qu’un personnage effrayant nommé « Momo » apparaissait au milieu de vidéos pour enfants sur internet. Il était censé lancer des défis dangereux aux enfants, les menaçant s’ils n’obéissaient pas.
- La « boule de neige » : Cette histoire a terrifié des parents dans de nombreux pays. Elle s’est répandue à toute vitesse sur les réseaux sociaux. Des écoles ont envoyé des lettres d’avertissement et des journaux télévisés en ont parlé très sérieusement. La peur était devenue mondiale.
- La réalité : Après enquête, des spécialistes et des policiers ont montré qu’il n’y avait aucune preuve de l’existence réelle de ce « piratage » de vidéos. Il s’agissait plutôt d’une histoire effrayante devenue virale, et de quelques personnes malintentionnées qui avaient surfé sur la vague pour faire peur.
Le « Momo Challenge » est un cas d’école : il montre comment une inquiétude légitime (la sécurité des enfants sur internet) peut servir de carburant à une panique mondiale basée sur des faits très peu solides.
Pourquoi c’est compliqué : faire la part entre le vrai et la peur
Cet exemple nous apprend une chose importante : il ne faut pas ignorer les inquiétudes, mais il faut se méfier de la panique.
Les problèmes liés aux écrans, comme la distraction en classe ou le cyberharcèlement, sont bien réels et les adultes ont raison de s’en préoccuper. Les enseignants et les directeurs d’école font face à de vraies difficultés qui demandent des solutions concrètes.
Le piège de la « panique », c’est qu’elle nous pousse à chercher des solutions trop simples pour des problèmes complexes. En se focalisant uniquement sur une menace spectaculaire (comme « Momo »), on oublie parfois d’enseigner les compétences vraiment utiles : apprendre à vérifier une information, à protéger ses données personnelles ou à savoir à qui parler en cas de problème en ligne.
Les Experts : qui sont-ils et que disent-ils ?
Pour comprendre les écrans, on fait appel à des experts. Mais tous ne font pas le même métier !
- Les « docteurs des émotions » (les psychologues) : Ils étudient comment les écrans nous affectent personnellement. Comment on se sent quand on joue, quand on discute en ligne, etc. Ils nous aident à avoir une relation plus saine avec nos appareils.
- Les « détectives de la société » (les sociologues) : Eux, leur travail est de comprendre pourquoi toute la société se met à avoir très peur d’un sujet en même temps. Ils comparent la peur des écrans avec les peurs d’autrefois (quand nos grands-parents s’inquiétaient de la télévision ou même du rock’n’roll !).
Ce sont ces « détectives » qui peuvent dire si la peur est une vraie « panique morale ». Ils montrent que souvent, ce n’est pas l’objet (l’écran) qui fait peur, mais la nouveauté et les changements qu’il apporte dans la société.
Beaucoup d’experts très connus qui parlent des écrans sont des psychologues, ils ont autorité et des arguments légitimes pour expliquer en quoi les arguments des gens qui ont trop peur sont moins bons que les leurs. Mais ils n’ont pas la formation de « détective » pour dire si la panique est réelle ou non.
Pourquoi est-ce si compliqué pour les scientifiques ?
On pourrait croire que les scientifiques ont toutes les réponses. Mais c’est plus compliqué.
- La science sur le sujet des comportements humains associés aux nouvelles technologies est encore en train d’apprendre. Le monde numérique change très vite. C’est comme un tout nouveau jeu vidéo : les chercheurs n’ont pas encore eu le temps de découvrir tous les secrets et tous les niveaux. Comme ils n’ont pas de certitudes, beaucoup de gens préfèrent être très prudents, parfois trop.
- Les laboratoires de recherche sont sous pression. Imagine que les universités soient de grands ateliers d’inventeurs. Aujourd’hui, on leur donne souvent moins d’argent pour chercher librement. On leur demande de plus en plus d’inventer des choses qui peuvent se vendre vite. Du coup, ils ont moins de temps et de moyens pour étudier des questions très compliquées comme : « Quel est le vrai pouvoir des entreprises géantes qui fabriquent nos applications et nos téléphones ? ».
Comment garder l’esprit critique ?
L’objectif n’est ni de dire que « tout va bien », ni de céder à la peur. L’objectif est d’apprendre à réfléchir par soi-même. Quand tu entends une histoire très inquiétante sur les dangers d’une nouvelle technologie, tu peux te poser quelques questions :
- L’inquiétude de départ est-elle basée sur un problème réel et connu ?
- L’histoire qu’on me raconte n’est-elle pas un peu exagérée, comme une « boule de neige » qui a trop grossi ?
- Quelle est la vraie question importante qui se cache derrière cette grande peur ?
Faire cela, ce n’est pas ignorer les dangers. C’est se donner les moyens de mieux les comprendre, sans paniquer.
Poser les bonnes questions : le vrai problème est-il l’écran ?
La discussion se concentre souvent sur « le temps passé sur l’écran », l’interdiction ou la prévention.
Mais si l’écran n’était pas le vrai problème ? Certains chercheurs qui ne sont pas invité sur les plateaux TV, qui n’écrivent pas de livre pour les parents et les animateurs socio-culturels ou les pseudo praticiens nous invitent à poser d’autres questions, bien plus pointus :
- Au lieu de se demander « combien de temps y passes-tu ? », demandons-nous : « Pourquoi ce jeu ou cette application est-il conçu pour qu’il soit si difficile de s’arrêter ? ». La responsabilité est peut-être du côté de ceux qui les fabriquent ou d’un comportement collectif qui le rend trop désirable.
- Au lieu de s’inquiéter, demandons-nous : « Qu’est-ce qu’on apprend d’utile avec les écrans ? ». Car on y apprend aussi à communiquer, à être créatif et à découvrir le monde.
- La question la plus importante est peut-être : « Pendant qu’on s’inquiète tous pour les écrans, de quels autres problèmes plus graves on oublie de parler ? ». Parfois, se concentrer sur une peur simple permet d’éviter de voir des problèmes plus complexes, comme les inégalités ou les vraies raisons du mal-être des jeunes (ancestrales ou d’actualité).
Et pour l’avenir ? Un choix à faire ensemble
Se poser toutes ces questions, ce n’est pas juste pour devenir un bon détective des rumeurs. C’est le premier pas vers quelque chose de beaucoup plus grand : faire des choix de société.
Décider comment nous voulons vivre avec les nouvelles technologies, que ce soit les téléphones ou l’intelligence artificielle de demain, n’est pas seulement l’affaire des experts ou des politiques. C’est une discussion qui nous concerne tous.
Face à une grande nouveauté, il y a souvent deux chemins :
- Laisser la peur, ou les intérêts économiques de ceux qui vendent la technologie, décider à notre place.
- Prendre le temps de discuter ensemble de ce qui est juste, bon et respectueux pour tout le monde. C’est ça, faire gagner la démocratie (la discussion de tous) et l’éthique (la recherche de ce qui est bien).
Bien sûr, ce deuxième chemin est plus compliqué. Quand on discute tous ensemble, on n’est pas toujours d’accord. Il n’y a pas une seule réponse magique qui soit parfaite pour tout le monde. Faire un choix de société, c’est accepter que notre décision sera basée sur nos valeurs communes, et pas seulement sur des preuves scientifiques parfaites. C’est un pari que nous faisons collectivement sur l’avenir que nous souhaitons construire.
Ce chemin comporte des risques, car il n’y a pas de certitude. Mais c’est le seul qui nous garantit que les règles du jeu de notre vie ensemble sont décidées par nous, pour nous. C’est la voie la plus difficile, mais aussi la plus digne pour une humanité qui se veut libre et responsable.
Avoir peur des nouveautés est normal. Mais comprendre d’où vient cette peur et se poser les bonnes questions, c’est le début de l’esprit critique. Et c’est ça, le plus important.
Au-delà de l’écran : les vrais défis du monde numérique
Dire que la « panique » des adultes est souvent exagérée ne veut pas dire que tout est parfait dans le monde numérique. Loin de là.
L’écran n’est pas le problème, c’est un outil formidable, une fenêtre sur le monde. Mais comme tout outil puissant, il révèle des défis bien réels. Rejeter la panique ne signifie pas être naïf. Au contraire, c’est se donner la lucidité de regarder les vrais problèmes en face.
Voici quelques-uns des défis qui nous concernent tous :
1. Le respect dans nos interactions. Le cyberharcèlement est une réalité brutale. L’anonymat (pseudonymat, l’anonymat pur n’existe pas sur Internet) peut parfois faire oublier une règle d’or : derrière chaque pseudo, chaque commentaire, chaque avatar, il y a encore parfois un être humain avec des émotions. La gentillesse et le respect ne sont pas des options, ce sont les fondations de toute vie en commun, en ligne comme ailleurs. Si les opinions des autres ne doivent pas affecter tes émotions, il est parfois difficile de faire la distinction entre l’énoncé du réel (les faits), les mensonges et les opinions.
2. L’art d’être vraiment présent. Tu as sûrement déjà vu cette scène : un groupe d’amis ou une famille à table, mais chacun a les yeux rivés sur son téléphone. Ce phénomène a un nom : le « phubbing » (de « phone » et « snubbing », snober). C’est un vrai défi, car il abîme la qualité de nos relations directes. Être connecté au monde entier ne doit pas nous faire oublier de nous connecter à la personne juste en face de nous. Certes notre téléphone nous apporte parfois plus de choses qu’une conversation autour d’une table mais ça serait oublié qui nous sommes, à savoir des êtres sociaux physiquement en présence d’autres êtres sociaux. Les ignorer pourraient être la source de regrets bien plus grands que ceux d’ignorer nos propres notifications et contenus divertissants. Je sais que tu imagines déjà une situation ou ignorer une notification aurait bien plus de répercussions sur ta vie que d’ignorer la conversation entre tes parents.
Tu as de bonne raison de le penser, car tout a été fait pour nous le faire croire, au point que nous l’avons tous accepté, faisant du « FOMO » une réalité (FOMO : La peur de louper un contenu important).
Lors de l’arrivée de l’imprimerie ou lors de l’arrivée de la radio puis de la télé, ce genre de comportement a toujours été observé et pourtant, avec le temps, pour la plus part, on s’est rendu compte que rien n’était plus précieux que le temps passé parmi ses proches ; proches au sens où une affection désintéressée et sans conditions est mutuelle (dans les 2 sens).
Si la vie est, par définition, finie, et que les contenus et les sollicitations sont, eux, infinis, alors une vie passée à tenter d’épuiser cet infini est une course perdue d’avance. C’est une vie définie par ce qu’elle manquera toujours, une vie de frustration garantie.
3. Notre cerveau face aux « bonbons numériques ». Beaucoup d’applications et de réseaux sociaux sont conçus pour capter notre attention. Ils fonctionnent comme des distributeurs de bonbons : ils nous donnent un petit plaisir immédiat (un like, une notification, une vidéo courte, des cosmétiques pour mon avatar, l’impression que j’aurais pu gagner la partie, etc.) pour qu’on y revienne sans cesse. C’est ce qu’on appelle l’économie de l’attention. Le défi ? Ce système peut rendre difficile de se concentrer longtemps sur une tâche importante (comme les devoirs) et nous habituer à vouloir tout, tout de suite, ce qui diminue notre patience face à la frustration.
On réagira pas tous de la même façon à ces mécanismes distributeurs de bonbons. Certains ne pourront plus les quitter et d’autres iront chercher d’autres bonbons ailleurs dans le monde physique.
Cela ne veut pas dire que ces distributeurs de bonbons ne fonctionnent pas sur tous, mais qu’ils n’auront pas sur chacun d’entre nous un impact sur la santé. Pour toutes les bonnes choses de la vie il faut toujours se poser la question critique du choix dont on a bénéficié pour consommer (ou non) ces bonbons. Si on a l’impression que rester devant le distributeur de bonbons sans se soucier de ses besoins est une situation normale, si tourner la molette en oubliant le monde qui nous entoure devient quelque chose de naturel, alors on doit s’interroger : Qu’est-ce que je fuis ? Pourquoi cette fuite m’a dirigée vers ce distributeur de bonbon et pas un autre ? Qu’est ce que manger ces bonbons va m’apporter au fil des années ?
4. Le piège de la « bulle de filtres ». Les algorithmes qui choisissent les contenus que tu vois en ligne veulent te plaire. Ce sont des distributeurs de bonbons qui se déguisent en aliments que tu aimes. Ils te montrent donc surtout des choses que tu aimes déjà et des opinions que tu partages. C’est comme si tu ne parlais qu’avec des gens qui sont toujours d’accord avec toi. Le risque est de s’enfermer dans une bulle où l’on finit par croire que tout le monde pense comme nous. Cela nous empêche de comprendre les autres et de nous ouvrir à la complexité du monde ; Cela risque de nous enfermer dans l’ignorance et des mensonges qui nous alimentent de bonbons de plus en plus sucrés (appétissants).
5. La protection de nos secrets. Toutes les informations que nous partageons, toutes nos traces en ligne, forment notre jardin secret numérique. Les failles de cybersécurité, les arnaques et le vol de données sont des menaces réelles. Apprendre à protéger cet espace avec de bons réflexes et des mots de passe solides est une compétence aussi importante que de savoir fermer sa porte à clé.
6. Et la question la plus importante : qui contrôle le jeu ? Aujourd’hui, une toute petite poignée d’entreprises géantes contrôle la majorité de ce que nous voyons, partageons et achetons en ligne. Elles sont devenues si puissantes et si riches qu’elles influencent les lois et parfois même les élections. C’est une concentration de pouvoir immense, inédite dans l’histoire. Se demander « à qui profite ce système ? » et « qui fixe les règles ? » est la question citoyenne la plus essentielle pour ne pas devenir le simple consommateur d’un monde conçu par d’autres.
Être critique, ce n’est donc pas être « anti-écrans », « pro écran » ou « anti-anti (sic) écran ». C’est refuser d’être un utilisateur passif. C’est décider de comprendre les règles du jeu pour ne pas être utilisé par la technologie et ceux qui la gouverne, mais pour l’utiliser à nos propres fins (utiles et éclairés). C’est choisir de rester toujours aux commandes, libre.
Si une vie ne suffit pas pour lire tous les journaux, si une vie ne suffit pas pour lire tous les romans, si une vie ne suffit pas pour terminer tous les jeux vidéos, si une vie ne suffit pas pour lire tous les commentaires et toutes les publications Tiktok alors, c’est que l’essence même de la vie se trouve très probablement ailleurs.
Alors, où se trouve cet « ailleurs » ?
Si l’essence de la vie n’est pas dans la consommation de la totalité des expériences possibles, alors elle se trouve probablement dans la qualité et la singularité des expériences que nous choisissons de vivre. Cet « ailleurs », qui consisterait à être profondément « unique » pourrait se décliner ainsi :
- La Création plutôt que la Consommation : Au lieu de lire tous les romans, en écrire un. Au lieu de voir toutes les publications, créer la sienne. Au lieu de finir tous les jeux, en imaginer un. L’acte de créer, même modestement, nous fait passer d’un statut de récepteur passif à celui d’acteur du monde.
- La Connexion plutôt que la Collection : Une seule conversation profonde avec un ami, un seul moment de partage authentique avec un membre de sa famille, a infiniment plus de « substance » que la lecture de mille commentaires anonymes. L’essence se trouve dans la profondeur des liens, pas dans la quantité des interactions.
- L’Action plutôt que la Distraction : S’engager dans une cause, aider un voisin, construire un projet local, maîtriser un savoir-faire. L’action nous ancre dans le réel et nous donne un sentiment de compétence et de but que la consommation passive d’informations ne pourra jamais offrir. Les philosophes existentialistes diraient que c’est par nos actes que nous créons notre propre essence.
- La Contemplation plutôt que l’Accumulation : Savoir s’arrêter. Regarder un paysage, écouter un morceau de musique sans rien faire d’autre, être pleinement présent à une sensation. Dans un monde qui nous pousse à accumuler les « vus » et les « lus », la contemplation est un acte de résistance qui redonne de la valeur au moment présent.
- La Modération plutôt que l’excès de Communication : À une époque où chaque notification nous pousse à parler, partager et réagir instantanément, le test de Socrate nous rappelle une vertu devenue radicale : la modération. Il ne s’agit pas de ne plus rien dire, mais de redonner de la valeur à la parole. En choisissant de ne transmettre que l’essentiel — ce qui est vrai, bienveillant ou utile — on lutte contre le « bruit » ambiant qui sature notre esprit et nos relations.
Pratiquer cette forme de sobriété intellectuelle, c’est refuser de contribuer au flot incessant d’informations triviales ou anxiogènes. On protège ainsi notre propre tranquillité d’esprit et on offre aux autres le cadeau le plus précieux dans un monde saturé : une communication qui a du sens.
Nous ne contrôlons pas l’infinité du monde extérieur, mais nous contrôlons la manière dont nous y portons notre attention. Et l’attention est la matière première de la vie alors prends soin de ton hygiène mentale pour rester critique et libre.
Mais l’Hygiène Mentale, c’est quoi ?
Imagine ton hygiène normale : tu te brosses les dents, tu prends une douche, tu essaies de bien manger… Tu fais tout ça pour que ton corps reste en bonne santé, se sente bien et ait de l’énergie.
Eh bien, l’hygiène mentale, c’est exactement la même chose, mais pour ta tête : pour ton cerveau, tes pensées et tes émotions.
C’est l’ensemble des petites habitudes que tu peux mettre en place au quotidien pour prendre soin de ton esprit, pour qu’il reste « propre », en forme et solide face aux difficultés de la vie (le stress des cours, les disputes avec les amis, les angoisses…).
Ce n’est pas un truc que tu fais seulement quand ça va très mal. C’est comme le brossage de dents : tu le fais tous les jours pour éviter d’avoir des problèmes plus tard.
Concrètement, ça ressemble à quoi ?
Voici quelques gestes simples d’hygiène mentale :
- Nourrir ton esprit avec de bonnes choses : Tout comme tu nourris ton corps, tu peux nourrir ton esprit. Ça veut dire passer du temps sur tes passions (dessin, musique, sport…), apprendre des choses qui t’intéressent, ou passer du temps avec des amis qui te font te sentir bien. C’est aussi éviter la « malbouffe mentale », comme passer des heures à regarder des contenus très courts ou bien qui te rendent triste ou en colère.
- « Nettoyer » les pensées négatives : Parfois, la journée a été dure et on a la tête pleine de soucis ou de pensées sombres. L’hygiène mentale, c’est prendre une « douche pour le cerveau ». Ça peut être de parler de ce qui te tracasse à un ami ou à un parent, d’écrire dans un carnet, ou d’écouter de la musique pour te changer les idées. C’est sortir d’une routine qui nous intoxique parfois autant qu’elle nous rassure (Insta, Snap, Whatsapp, Discord, Insta, Ma Gallerie, Snap…etc).
- Faire de vraies pauses : Ton cerveau n’est pas une machine. Il a besoin de se déconnecter. L’hygiène mentale, c’est décider de poser ton téléphone, de t’éloigner des écrans et de faire quelque chose de complètement différent : sortir marcher, ne rien faire pendant dix minutes, ou faire quelque chose avec tes mains.
- Protéger ton sommeil : Le sommeil, c’est le moment où ton cerveau fait le grand ménage et se répare. Une bonne hygiène mentale, c’est respecter ça. Par exemple, en évitant les écrans juste avant de dormir pour aider ton cerveau à se mettre en mode « repos ».
- Être sympa avec toi-même : Tout le monde fait des erreurs ou a des jours « sans ». L’hygiène mentale, c’est aussi apprendre à ne pas être trop dur avec soi-même, à se parler comme on parlerait à un bon ami qui a des difficultés.
En résumé, l’hygiène mentale, c’est simplement se souvenir que ton esprit, comme ton corps, a besoin qu’on prenne soin de lui tous les jours. C’est ta boîte à outils personnelle pour te sentir bien dans ta tête et dans tes baskets.
Le rapport avec le numérique ?
Tout comme l’hygiène personnelle concerne les gestes pour prendre soin de son corps, l’hygiène numérique est l’ensemble des bonnes pratiques et des habitudes que l’on adopte pour utiliser la technologie de manière saine, sécurisée et intentionnelle. Cela inclut la protection de nos données personnelles (mots de passe, vie privée), la gestion de nos notifications, le tri des informations que nous consommons et la maîtrise de notre temps d’écran.
Comment l’hygiène numérique contribue-t-elle à notre hygiène mentale ?
Le lien avec l’hygiène mentale est direct et fondamental. Si l’hygiène mentale consiste à prendre soin de son esprit, l’hygiène numérique est l’art d’aménager notre environnement digital pour qu’il ne sabote pas cet effort.
Une bonne hygiène numérique contribue à une bonne hygiène mentale de plusieurs manières :
- En réduisant le « bruit » et l’anxiété.
En coupant les notifications non essentielles et en choisissant de ne suivre que des comptes ou des sources qui nous enrichissent, on diminue drastiquement le flot de stress, de comparaisons et d’informations anxiogènes. On « nettoie » son espace mental. - En protégeant notre attention.
L’économie de l’attention est conçue pour nous maintenir captifs. Pratiquer l’hygiène numérique (par ex: définir des plages sans téléphone) nous aide à reprendre le contrôle de notre concentration. Cela nous permet de nous investir dans des activités profondes (lire, créer, avoir une vraie conversation) qui « nourrissent » notre esprit, au lieu de le fragmenter. - En améliorant la qualité de nos relations.
En décidant consciemment de poser son téléphone lors d’un repas en famille ou d’une discussion entre amis (lutter contre le « phubbing »), on choisit d’être présent. Cette présence renforce nos liens sociaux réels, qui sont un pilier de notre équilibre mental. - En diminuant les sources de stress direct.
Une mauvaise hygiène numérique (mots de passe faibles, surexposition de sa vie privée) peut mener à des situations très stressantes comme le piratage ou le cyberharcèlement. Une bonne hygiène numérique agit comme un bouclier préventif.
En somme, l’hygiène numérique n’est pas qu’une question technique ; c’est une composante essentielle de l’hygiène mentale à notre époque. C’est l’art de construire une vie numérique qui nous sert, plutôt qu’une vie où nous servons nos appareils.
Prendre les commandes de sa vie numérique, c’est prendre le pouvoir
Finalement, pour revenir au cœur du sujet à savoir la panique morale sur les écrans et le numérique ;
la meilleure réponse à tout ça, c’est toi qui la donnes, par tes actions de tous les jours.
En montrant que tu connais les vrais défis du numérique – le harcèlement, la protection de tes données, le temps que tu y passes – et que tu sais les gérer, tu agis de manière responsable.
C’est en prouvant que tu peux être le pilote de ta vie numérique, et pas seulement un passager, que tu peux faire évoluer le regard des adultes.
Leur grande inquiétude, cette « panique morale », baissera naturellement s’ils voient que tu es plus compétent et plus conscient qu’ils ne le pensent. Pour qu’ils le voient il faut leur parler il faut les rassurer Il ne faut pas les ignorer ou dire que c’est des Boomers.
Ta responsabilité est donc double : bien utiliser ces outils pour toi-même, et montrer par l’exemple que la confiance et l’éducation sont de bien meilleures réponses que la peur et l’interdiction.
Et j’espère que c’est quelques paragraphes, ces idées complexes que j’ai essayer d’adapter pour ta compréhension t’aideront.
J’espère que tes proches t’aideront, j’espère que tes professeurs et tes animateurs t’aideront, j’espère que les élus politiques que tu choisiras t’aideront et aideront tes enfants.
Car je ne voudrais pas ajouter à toutes les responsabilités du monde qui pèsent sur chaque nouvelle génération, les défauts de la sur responsabilisation individuelle de ma génération.
Pierre-Brice Levy,
Conseiller numérique France Services,
Promeneur du Net Parentalité.
L’auto-critique :
Une Trivialisation du danger : « mon article me semble intelligent, mais il manque peut-être de gravité face à des situations qui sont, elles, graves. »
Un texte trop philosophique : « mon article pourrait être vu comme une bonne dissertation, mais pas comme un plan d’action pour les situations de crise, ou pas autant qu’il le devrait. »
Une caricature clivante des « adultes » : « Mon texte flatte son lectorat adolescent en dépeignant les adultes comme des gens dépassés, ce qui n’aide pas au dialogue. »
Le poids intellectuel : « Quelque part, je demande à un jeune de 13 ans d’être un sociologue critique pour justifier son usage de TikTok, c’est disproportionné. »
Une « bulle de filtre » critique : « Sous couvert d’ouverture, mon article reste une défense très orientée d’une seule école de pensée : la sociologie critique. Et il balaye d’un revers de main les inquiétudes légitimes d’autres disciplines, comme les neurosciences qui s’inquiète des effets réels sur le développement du cortex préfrontal. »
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